607 : la fondation branlante
de la doctrine de 1914
Par Jan S. Haugland
English Version
Traduit de l'anglais par Henrique
Diaz,
Sommaire des articles sur les TJ
Version html simplifiée pour
imprimer ce texte
Note : une critique de ce texte
a été effectuée par Thierry, Témoin de Jéhovah,
ici.
Une réponse à ces critiques ici,
sur le site de Richard Maynacque, voir aussi les
70 semaines de Daniel sur le site de Charles Chasson.
Sommaire :
Introduction
La Watch Tower Society (WTS) fournit aux Témoins de Jéhovah
ce qu'on peut appeler un cadre théologique. Comme nous allons
le voir, ce cadre s'appuie entièrement sur la date de 1914.
Actuellement, les Témoins de Jéhovah (TJ) soutiennent
qu'en 1914, Jésus Christ a été intronisé
dans le ciel et qu'il a commencé à régner au milieu
de ses ennemis (Psaumes 110:2). La fin du monde a commencé cette
année.
Jusqu'au 1er novembre 1995, La WTS prétendait aussi
que certains parmi ceux qui avaient assisté aux événements
de 1914 seraient encore en vie pour voir la fin du monde arriver. Comme
cette doctrine est maintenant abandonnée, l'importance de 1914
est réduite. Mais un certain nombre de doctrines importantes
toujours fondées sur cette date de 1914 :
La
WTS prétend que les dirigeants des TJ, les soi-disant "membres
oints", ont été sélectionnés par le Christ
pour être ses uniques moyens de communication avec l'humanité
et que cela a eu lieu en 1919. Cette affirmation repose sur l'hypothèse
selon laquelle le Christ était de retour depuis 1914. Il aurait
effectué une inspection des communautés chrétiennes
trois ans et demi plus tard, aurait envoyé la direction WTS
en "captivité Babylonienne" (c'est-à-dire en prison)
pour les choisir finalement en 1919 afin de le représenter
sur terre. Sans la date de 1914, la WTS n'a pas de privilège
particulier par rapport au Christ.
Les
TJ prétendent qu'ils sont les seuls à accomplir la prophétie
de Matthieu 24:14 en proclamant la "bonne nouvelle" sur toute la terre
habitée à notre époque. Cette "bonne nouvelle"
est que le Christ a commencé à régner en 1914,
et que la fin du monde est pour "bientôt". Si c'est faux, les
TJ ont prêché une fausse "bonne nouvelle" ou évangile
(Galates 1:6-9).
L'interprétation
de nombreuses parties de la Bible repose sur l'idée d'une présence
invisible du Christ depuis 1914. Si cette date n'a pas de valeur prophétique,
l'interprétation TJ de la Bible est fausse et toute prétention
à être inspirés de Dieu est terriblement mensongère.
Notre
époque n'a, selon la Bible, pas d'importance prophétique
particulière si les affirmations concernant 1914 sont fausses.
Même
des doctrines comme le "système des deux classes" (144 000
et Grande Foule), qui est une interprétation tout à
fait particulière aux TJ, dépendent en fait de la date
de 1914. La WTS prétend que le "rassemblement" de la "Grande
Foule" (ceux qui ne sont pas "membres oints") a commencé aux
alentours de 1935, et que cela est arrivé après que
le "temps de la fin" ait commencé. Aussi, sans cette chronologie,
cette doctrine tombe également.
Les TJ affirment que l'année 1914 avait été prédite
depuis les années 1870 par Charles Taze Russell, le fondateur
du mouvement, et cela est utilisé comme une preuve majeure de
l'inspiration divine de Russell.
"Le Temps des Gentils" – Histoire d'une doctrine
Il est vrai que Russell considérait 1914 comme une partie essentielle
de sa chronologie. Il avait prédit la fin du monde et l'établissement
complet du Royaume de Dieu sur Terre à cette date. Cela n'est
pas arrivé, mais aujourd'hui les TJ considèrent que quelque
chose d'important est arrivé quand la première Guerre
Mondiale a commencé.
Quelle preuve chronologique Charles T. Russell a-t-il utilisé
? Sa chronologie a entièrement été empruntée
à l'adventiste Nelson Barbour. Les adventistes (autre secte,
antérieure aux TJ) avaient une longue liste de dates parmi lesquelles
se trouvait 1914.
Nelson Barbour avait établi tous ses arguments à partir
de sa chronologie complète de la Bible, laquelle situait la création
d'Adam en 4127 av. JC. Barbour (comme Russell) pensait que certains
versets de la Bible contenant des chiffres étaient des "messages
codés" de Dieu concernant différents événements.
L'un de ces textes était le chapitre 4 de Daniel. Le prophète
Daniel dit à Nébucadnezzar :
Dan. 4:25 : " Et toi, on te chassera d'entre les hommes, et
c'est avec les bêtes des champs que se trouvera ta demeure, et
on te donnera de la végétation à manger, comme
aux taureaux ; et toi, tu seras mouillé de la rosée des
cieux, et sept temps passeront sur toi, jusqu'à ce tu
saches que le Très-Haut est Chef dans le royaume des humains,
et qu'il le donne à qui il veut."
Barbour, et les TJ aujourd'hui, interprètent ces "temps" comme
signifiant plus que de simples années (ou saisons) de démence
pour Nébucadnezzar. Le vocable "temps" est également utilisé
dans la traduction de Révélation 12:6, 14. Ici, les trois
"temps" et demi peuvent être interprétés comme équivalents
à 1260 jours. Un "temps" est identifié à 360 jours,
et sept temps équivaudront à 2520 jours. La WTS fait alors
appel à la règle "1 jour = 1 an" en s'appuyant sur Nombres
14:34 et Ezéchiel 4:6 (qui comme par hasard n'est pas appliquée
par la WTS à l'interprétation de Rév. 12 !), ce
qui donne 2520 ans.
Mais qu'est il arrivé pendant 2520 ans ? Barbour, sans aucune
preuve, a appliqué cette période aux paroles de Jésus
concernant la chute de Jérusalem, intervenue en 70 ap. JC :
Luc 21:24 : "et ils tomberont sous le tranchant de l'épée
et seront emmenés captifs dans toutes les nations ; et Jérusalem
sera foulée aux pieds par les nations jusqu'à ce que les
temps fixés des nations soient accomplis".
En dépit du fait que Jésus utilise ici le futur, ce qui
nous permet de savoir que le début de ce "temps des nations"
ou "temps des gentils" (dans la plupart des traductions) interviendrait
lors de la chute de Jérusalem, dans l'avenir, Barbour
avançait que le "temps des gentils" ont commencé quand
Jérusalem tomba devant les Babylonien, des siècles plus
tôt, lors de la 19° année du Roi Nébucadnezzar.
(Jérémie 52:12) Quand cela est-il arrivé ? Barbour
disait que Jérusalem avait été détruite
en 606 av. notre ère.
En comptant 2520 années à partir de 606 avant notre ère,
on tombe sur 1914, vrai ou faux ?
Faux.
Barbour, comme Russell, étaient très ignorants en matière
de chronologie et d'histoire. Quand le calendrier que nous utilisons
(le calendrier Julien, amélioré plus tard par le
Grégorien) fut créé, il n'y avait pas d'an
zéro et donc, l'an 1 av. JC était suivi de l'an 1 après
JC. 2520 années en partant de l'an 606 av. JC auraient donc du
nous donner 1915. D'ailleurs Russell a utilisé cette dernière
date au lieu de 1914 pendant quelques années. Mais la première
Guerre Mondiale a éclaté en 1914. Russell avait prédit
quelque chose pour 1914, quelque chose était effectivement
arrivé, alors Russell a pensé qu'il avait eu raison. Russell
a alors "oublié" l'an zéro, et changé la chronologie
à nouveau.
Mais un jour ou l'autre il faudrait corriger cela. Comment ? En déplaçant
la destruction de Jérusalem d'un an, de 606 à 607 av.
JC.
C'est facile à faire sur le papier.
Le livre La Révélation - Le Grand dénouement
est proche ! (1988) de la Watchtower, cite une vieille brochure
de Barbour, page 105 :
"C'est en 606 avant notre ère que le royaume de Dieu prit fin,
que le turban royal fut ôté et que toute la terre fut livrée
aux Gentils. La période de 2520 ans qui débuta en 606
avant notre ère s'acheva en 1914 de notre ère" – Les
Trois mondes, publié en anglais en 1877, page 83."
Une note nous informe :
"Providentiellement, les Etudiants de la Bible n'avaient pas compris
qu'il n'y a pas d'année zéro entre la période "d'avant
notre ère" et "celle de notre ère". Par la suite, quand
des recherches montrèrent la nécessité de fixer
le début des 2520 ans non pas en 606 avant notre ère,
mais en 607 avant notre ère, on élimina également
l'année zéro, si bien que la prédiction relative
à "1914 de notre ère" était toujours valable. –
Voir le livre La vérité vous affranchira publié
en anglais en 1943 par la Société Watch Tower, page 220
de l'édition française."
N'est-ce pas relativement impressionnant ? "Providentiellement" – grâce
au "doigt de Dieu", sous sa direction – ils avaient fait deux erreurs
s'annulant l'une et l'autre !
Quelles nouvelles recherches avaient changé cette date ? Aucune
bien sûr. Si vous examinez les livres de la WTS, vous ne trouverez
jamais la moindre preuve de cette nouvelle date.
Ce changement était nécessaire pour garder la date de
1914, sur laquelle toute la doctrine de base de la Watchtower est construite.
Le fait est que Jérusalem tomba sous la domination
Babylonienne en 587 avant JC, pas en 607. L'ignorance de Barbour et
de Russell en histoire et en chronologie a posé un formidable
problème à la WTS. L'Encyclopedia Britannica, une
source souvent utilisée par la WTS dit :
"En 587/586 avant JC, la cité et le Temple ont été
complètement détruits par Nébucadnezzar et la captivité
a commencé. Celle-ci se termina en 538 av. JC quand Cyrus II
Le Grand Perse, qui avait vaincu Babylone, permit aux Juifs, conduits
par Zorobabel, de la maison de David, de retourner à Jérusalem."
Bien sûr, les dirigeants de la WTS admettent qu'ils sont légèrement
seuls dans le monde à affirmer que Jérusalem est tombée
en 607. L'argument est qu'ils sont les seuls à mettre réellement
la Bible au dessus des sources profanes.
Dans le livre "Que ton royaume vienne" (1981), p. 187, la WTS
dit :
"Les chrétiens qui croient à la Bible ont constaté
maintes et maintes fois qu'elle passe victorieusement les épreuves
auxquelles la soumet la critique et qu'elle se révèle
digne de foi. Ils croient que la Bible, qui est la parole inspirée
de Dieu, peut servir à dater les événements historiques
et à apprécier les interprétations de ceux-ci."
Cela peut très joliment sonner aux oreilles d'un Chrétien,
mais est-ce vrai ? Est-ce que la Société Watchtower tient
réellement la Bible pour un livre "digne de foi" ? Utilise-t-elle
la Bible comme une règle de mesure du temps et de l'histoire
?
La Bible enseigne-t-elle que Jérusalem tomba en 607 avant notre
ère ?
La Bible ne contient pas de dates absolues, du fait que notre calendrier
n'avait pas encore été inventé à l'époque
où l'Ancien Testament avait été écrit. Il
n'est donc pas possible de dater directement les événements
qui y sont contenus. La Bible fournit cependant de nombreuses dates relatives.
Un exemple peut être trouvé en :
Dan. 1:1 "Dans la troisième année de
la royauté de Jéhoïakim, roi de Juda, Nébucadnezzar,
roi de Babylone, vint à Jérusalem et mit le siège
devant elle".
Puis il est question de la façon dont les objets sacrés
du temple ont été amenés à Babylone, ainsi
que certains Israélites éminents – parmi lesquels Daniel
– qui ont été amenés en captivité. Jérusalem
n'avait pas encore été détruite. En Daniel 2:1,
nous trouvons également un événement daté
à la 2° année de la royauté Nébucadnezzar.
Logiquement, cela signifie que la déportation de Daniel et des
autres a eu lieu lors de l'année de l'accession
au trône de Nébucadnezzar (ou théoriquement, la
première année, mais le verset 5 montre qu'une éducation
de 3 ans a eu lieu entre 1:1 et 2:1).
C'était la façon dont les événements étaient
datés dans les temps Bibliques. Si nous pouvons dater les règnes
des Rois, en l'occurrence ceux de Jéhoïakim et de Nébucadnezzar,
nous pouvons dater les événements.
Toute datation nécessite donc des preuves non
Bibliques indépendantes. Seules des dates relatives peuvent être
tirées de la Bible elle-même. Nous verrons plus
tard comment ces dates absolues sont obtenues.
La Watch Tower défend-t-elle la chronologie biblique ?
Comme nous l'avons
vu, la direction WTS prétend qu'elle s'inspire de la Bible et
interdit d'autre part qu'on critique celle-ci. Est-ce vrai ? Quelques
fois oui mais pas dans ce cas. Nous avons remarqué que Daniel
1:1 disait que Nébucadnezzar avait pris des prisonniers à
Jérusalem lors de la troisième année du règne
de Jéhoïakim (voir système de l'année
d'accession).
D'après la chronologie de la Watchtower, cela n'est pas possible.
L'encyclopédie biblique de la WTS, Insight on the Scriptures
(IS ; en Français : Auxiliaire pour une meilleure intelligence
de la Bible), Volume 1, page 1269, déclare :
"Evidemment, c'est à la troisième année
du règne de Jéhoïakim, comme roi vassal de Babylone,
que Daniel se réfère en Daniel 1:1. Il ne pouvait s'agir
de la troisième année de son règne de 11 ans sur
le pays de Juda, car en ce temps, Jéhoïakim était
vassal, non de Babylone, mais du Pharaon Egyptien Néco."
"Evidemment" disent-ils. Une personne qui n'est pas versée dans
la Bible trouvera sans doute possible d'affirmer que Daniel se réfère
à la "troisième année" comme à un événement
spécifique du règne du roi. Mais quand nous savons que
c'était la façon dont le temps était compté
à cette époque, nous comprenons à quel point ceci
est extrêmement improbable
Pour utiliser un exemple : est-il probable qu'une personne vivant à
notre époque datera le début de la Seconde Guerre Mondiale
en 1869, simplement parce qu'il considérait que la chute de Jérusalem
sous les Romains (an 70 de notre ère) était un événement
plus intéressant que la naissance de Jésus pour décider
du début de notre calendrier ? Si Daniel avait fait une si étrange
déclaration, il aurait su qu'il n'avait presque aucune chance
d'être compris. Aussi, comme beaucoup d'écrivains bibliques,
Daniel utilise ce système de datation fréquemment. (Daniel
7:1 ; 8:1 ; 9:1 ; 10:1 ; 11:1).
En Daniel 2:1, le prophète interprète les rêves
de Nébucadnezzar, intervenus dans la deuxième année
de sa royauté. Une fois de plus la WTS fait appel à
des acrobaties chronologiques, alors que le texte lui-même dit
"dans la seconde année de la royauté de Nébucadnezzar"
ce qui n'est absolument pas ambigu.
Ce refus de considérer l'Ecriture comme source de foi devient
particulièrement embarrassant dans Que ton royaume vienne
(RV) dont l'appendice tente de réfuter les critiques de
la chronologie WTS. A la page 188, on essaye de réfuter l'importance
des Chroniques Babyloniennes de Bérose :
"Bien que Bérose affirme que Nébucadnezzar emmena
des prisonniers juifs en exil l'année de son accession au trône,
cela n'est confirmé par aucun document cunéiforme".
N'est-ce pas étonnant de voir que juste quelques paragraphes
plus loin, la WTS annonce être la seule à défendre
la Bible, et qu'elle manque intentionnellement de reconnaître
que la Bible elle-même, en Daniel, soutient Bérose
contre la chronologie de la WTS ?
Il ne s'agit certainement pas des seuls exemples. Le prophète
Zacharie décoche le coup le plus saisissant contre la chronologie
WTS :
Zac. 1:7 "Le vingt-quatrième jour du onzième
mois, c'est-à-dire le mois de Schébat, dans la deuxième
année de Darius, la parole de Jéhovah advint à
Zacharie, fils de Bérékiah, fils d'Iddo le prophète".
Cette fois, la WTS est d'accord avec toutes les autres sources pour
dater cet événement en 519 avant notre ère. Après
tout, la date WTS de 607 utilise le règne de Cyrus comme "point
d'ancrage", aussi il serait peu sage de la renier.
Qu'est-ce que le prophète Zacharie a vu et entendu ?
Zac. 1:12 "L'ange de Jéhovah répondit
donc et dit :"O Jéhovah des armées, jusqu'à quand
ne feras-tu pas miséricorde à Jérusalem et aux
villes de Juda, contre lesquelles tu as invectivé ces soixante-dix
ans "
Oui, pendant 70 ans, Dieu avait blâmé les cités
de Juda. Cela nous ramène à 589 avant notre ère.
Selon la chronologie de la WTS, rien de significatif n'eut lieu cette
année. Dans la chronologie établie, c'est l'année
dans laquelle Nébucadnezzar a commencé le siège
de Jérusalem (2 Rois 25:1 ; Ezek. 24:1,2 ; Jér. 52:4).
De plus, il aurait été inutile pour cet ange de dire
que les cités avaient été dénoncées
pour "soixante-dix ans" si cette période avait commencé
80 ans après la complète destruction de la capitale !
D'autre part, si l'ange avait parlé de la période de 70
ans qui va de 607 à 537 - comme sans aucun doute les TJ vont
le prétendre - pourquoi l'ange demanderait-il "combien de temps
?" Ces mots précis démontrent qu'à ce moment, la
période de blâme (ou d'invective) n'était pas
encore finie. Et puisque ces 70 ans étaient en train de se
dérouler, ils ont du commencer avec l'événement
majeur de 589 avant notre ère.
Comme si cela ne suffisait pas, Zacharie décoche un coup encore
plus fatal contre la chronologie de la Watch Tower :
Zac. 7:1-5 "D'autre part, il arriva, dans la quatrième
année de Darius, le roi, que la parole de Jéhovah advint
à Zacharie, le quatrième jour du neuvième mois,
c'est-à-dire en Kislev. Alors Béthel envoya Scharézer
et Réguem-Mélech et ses hommes pour adoucir la face de
Jéhovah, disant aux prêtres qui appartenaient à
la maison de Jéhovah des armées, ainsi qu'aux prophètes,
oui, disant : "dois-je pleurer au cinquantième mois, en pratiquant
une abstinence, comme je l'ai fait depuis, Ô combien! d'années
?" Et la parole de Jéhovah des armées continua de m'advenir,
disant : "Dis à tout le peuple du pays et aux prêtres :
'Quand vous avez jeûné et qu'on s'est lamenté au
cinquième mois et au septième mois, et cela pendant soixante-dix
ans, est-ce vraiment pour moi, oui, pour moi que vous avez jeûné
?"
La preuve chronologique de ces versets est étonnante et donne
une profusion d'informations. Même les écrits de la WTS
doivent admettre que ces événements où les Juifs
se lamentaient et jeûnaient sont clairement indiqués dans
la Bible. Ils avaient jeûné le cinquième mois "afin
de commémorer le jour où Nébuzaradan, chef de la
garde du corps de Nébucadnezzar, après avoir passé
deux journées à inspecter Jérusalem, brûla
la ville et son temple" comme cela est indiqué dans Le paradis
rétabli parmi les hommes - grâce à la Théocratie
! (PH), page 235. Ils ont également jeûné
le septième mois "en mémoire du meurtre du gouverneur
Guédaliah, membre de la maison royale de David, que Nébucadnezzar
avait établi pour gouverner les juifs pauvres qui avaient été
autorisés à rester au pays de Juda après la destruction
de Jérusalem." (PH, p. 236).
Cela plonge la WTS dans un problème évident, puisqu'elle
affirme que cela arriva en 607 avant notre ère. Le mois de Novembre,
en 518 av. JC, dans la quatrième année de Darius, quand
Zacharie eut cette vision, intervient 90 ans après 607.
La WTS admet que les 70 années de jeûne ont commencé
quand Jérusalem fut détruite. Le texte biblique ci-dessus
montre, aussi clairement qu'un texte le peut, que les 70 ans + la date
de la chute de Jérusalem s'élèvent à l'an
518. Les israélites avaient demandé s'ils devaient continuer
ce jeûne. S'ils avaient cessé de le faire 20 ans plus
tôt, cette question n'aurait pas eu de sens.
Comment la WTS répond-t-elle à cette objection sérieuse
à sa chronologie ? Avec respect pour l'ange du chapitre 1 de
Zacharie, elle dit :
"L'ange de Jéhovah voulait-il donc dire que ces 70
ans n'étaient pas encore arrivés à leur terme,
ou bien qu'ils venaient de s'achever ? Historiquement, cela aurait
été inexact." (PH, p. 127, c'est moi qui souligne)
Ça alors ! Tous les historiens et tous les commentaires de la
Bible, appuyés sur des milliers de documents cunéiformes,
sur d'anciens documents et inscriptions, affirment que 586/7 avant notre
ère est la date correcte de la chute de Jérusalem. Maintenant,
quand Dieu lui-même et son ange disent la même chose à
travers le prophète Zacharie, la Watch Tower Society affirme
courageusement "Historiquement, cela aurait été inexact".
Des exemples supplémentaires ne devraient pas être nécessaire
pour démontrer dans quelle mesure la WTS confirme la Bible.
Malgré tout, examinons les arguments utilisés par la
WTS pour établir la date de 607 avant notre ère.
Les 70 ans de domination Babylonienne
Pour contrebalancer la profusion de preuves accumulées contre
leur chronologie, les dirigeants de la WTS en appellent à des
passages des Ecritures bibliques :
Que ton royaume vienne ! (RV), page 188 dit :
"Le prophète Jérémie annonce que les
Babyloniens détruiraient Jérusalem et feraient de cette
ville ainsi que du pays une désolation (Jérémie
25:8, 9). Il ajouta : "Et tout ce pays devra devenir un lieu dévasté,
un objet de stupéfaction, et ces nations devront servir le roi
de Babylone soixante-dix ans." (Jér. 25:11). Les 70 ans arrivèrent
à leur terme quand, la première année de son règne,
Cyrus le Grand libéra les Juifs, leur permettant ainsi de retourner
dans leur pays (II Chroniques 36:17-23). Nous croyons que d'après
la lecture la plus littérale de Jérémie 25-11 et
d'autres textes, les 70 années doivent être complétées
à partir du moment où les Babyloniens détruisirent
Jérusalem et livrèrent le pays de Juda à la désolation.
– Jérémie 52:12-15, 24-27; 36:29-31."
Les 70 ans de Jérémie sont ici entièrement appliquées
à la période qui s'étend de la destruction de Jérusalem
par Nébucadnezzar au moment où les Juifs ont reçu
la permission de rentrer chez eux depuis Babylone. La WTS avance que
les Juifs rentrèrent chez eux en 537 avant notre ère.
C'est possible, quoique 538 semble une date plus probable. Il s'en suit,
selon l'argumentation de la WTS, que Jérusalem tomba 70 ans plus
tôt, en 607 avant notre ère.
Ces soixante-dix ans sont une période prophétique utilisée
par Jérémie, il est donc naturel d'examiner en quel sens
cette expression est utilisée dans son livre. Comme nous l'avons
vu plus haut, la première mention se trouve en Jérémie
25:11. Ce texte ne dit pas ce que la WTS prétend qu'il dit.
Jér. 25:11 "Et tout ce pays devra devenir un
lieu dévasté, un objet de stupéfaction, et ces
nations devront servir le roi de Babylone soixante-dix ans"
Nous noterons tout d'abord que Jérémie ne dit nulle part
que Jérusalem restera désolée pendant 70 ans. Même
si le contexte parle de dévastation, les 70 années s'appliquent
seulement à la servitude. Le texte de RV cité plus
haut ignore complètement ce fait. Qui plus est, la servitude
n'était pas limitée aux Israélites, "ces nations"
incluent naturellement beaucoup, sinon toutes les nations de la région
Syro-Palestinienne.
Qu'est-ce que Jérémie voulait dire avec les mots "70
ans" ? Naturellement, l'expression peut renvoyer à une période
d'exactement 70 ans, et non de 71 ou 69 ans. C'est la façon de
comprendre de la WTS, et c'est probablement vrai.
Pourtant, cela peut également être un nombre rond et être
appliqué à une période approximative. Par exemple
est le texte de Psaumes 90:10 " En eux-mêmes les jours de nos
années sont de 70 ans". Personne n'utilisera ce texte pour prouver
que la vie d'un être humain est de 70 ans exactement. En
Esaïe 23:15, nous voyons que "70 ans" sont identifiés aux
"jours d'un seul roi" ce qui bien sûr est approximatif. Ce principe,
étant connu de Jérémie, peut simplement signifier
qu'il disait que les nations serviraient Babylone le temps d'une vie
humaine, c'est-à-dire environ 70 ans.
"Ces nations" commencèrent à servir Nébucadnezzar
pas plus tard qu'en 605 avant notre ère quand – comme nous l'avons
vu – il prit également des prisonniers et le butin de Jérusalem.
Cette année, Nébucadnezzar avait vaincu le Pharaon Néco
(Jérémie 46:2), et les nations de la région eurent
un tribu à payer au roi de Babylone, à partir de cette
année. Cette période se termina brutalement en 539 avant
notre ère, quand Babylone fut prise par Cyrus. Cette période
de servitude est donc de 66 ans, et personne ne peut nier qu'il s'agit
là de 70 ans environ.
Il est possible cependant de considérer que ces 70 ans ont commencé
en 609, ce qui nous donne 70 ans exactement. Cette année Harran
tomba, et l'empire Assyrien avait définitivement laissé
place à Babylone pour la domination de cette région. Ainsi,
en 609, la domination de "ces nations" était passée de
l'Assyrie à Babylone. Certaines nations tombèrent sous
l'emprise de Babylone, d'autres suivirent peu de temps après.
Note 1
Il n'est bien sûr pas possible de savoir avec certitude ce que
Jérémie voulait dire. Notez cependant que, quelque soit
l'interprétation que nous choisissons pour les 70 ans, la "lecture
la plus naturelle" de Jérémie 25:11 nous indique que les
70 ans finissent en 539, quand Babylone est tombée sous la domination
de Cyrus. Aussi, le début de ces années n'a rien à
voir avec la chute de Jérusalem, mais avec la suprématie
de Babylone.
Jérémie mentionne les 70 ans dans un autre verset :
Jer. 29:10 "Car voici ce qu'a dit Jéhovah :
en accord avec l'accomplissement de 70 ans à Babylone,
je tournerai mon attention vers vous, et je ratifierai à votre
égard ma bonne parole, en vous ramenant en ce lieu." (Traduction
du Monde Nouveau).
Ici, la Traduction du Monde Nouveau (TMN) montre comment elle est déviée
du côté de l'interprétation de la WTS. Il doit être
noté cependant qu'en ce qui concerne la discussion des 70 ans,
c'est le seul endroit où la TMN est contestée.
Avec pour seule exception la King James Version (ou Version
Autorisée) de 1611, ainsi que de plus récentes traductions
dérivées de celle-ci, la TMN est complètement seule
à dire ici "à Babylone". Sur toutes les autres traductions
sur lesquelles nous avons pu mettre la main, le texte dit "pour Babylone"
ou quelque chose de similaire :
Jer 29:10 "Mais voici ce que dit l'Eternel : Dès
que soixante et dix ans seront écoulés pour Babylone,
je me souviendrai de vous, et j'accomplirai à votre égard
ma bonne parole, en vous ramenant dans ce lieu." (Traduction Louis Segond)
Carl Olof Jonsson a envoyé une lettre à
nombre d'universitaires reconnus en Scandinavie pour leur maîtrise
de l'Hébreu, demandant quel était le sens exact de l'expression
hébraïque "LeBabel" qui se présente ici. Sans
exception, il répondirent que la traduction "pour Babylone" était
correcte. Ces universitaires étaient le Dr Seth Erlandson d'Uppsala,
DR Hans M. Berstad, Prof. Tryggve Mettinger and Dr Tor Magnus Amble.
Les universitaires spécialistes en Hébreu sont unanimes
sur cette question, dont la réponse devrait être évidente
du fait que toutes les traductions modernes de la Bible ont cette signification.
Cela dit, il n'est pas possible d'interpréter ce texte comme
signifiant que les 70 ans ont eu lieu entre la destruction de Jérusalem
et la libération des Juifs de Babylone. Le contexte de ce verset
montre qu'il s'agit de la partie d'une lettre envoyée par Jérémie
à ceux qui avaient été fait prisonniers à
Jérusalem dans la troisième de leur trois déportations
( 2 Rois 24:10-17 ; 2 Chron. 36:10).
C'était dix ans avant la destruction de Jérusalem.
Dans sa lettre (Jérémie 29:1, 4-11), Jérémie
dit aux captifs qu'ils devraient rester à Babylone et qu'ils
ne devraient pas s'attendre à un retour rapide comme quelques
faux prophètes l'avaient prédit. Ils devraient quitter
Babylone lorsque que soixante-dix ans "seront écoulés
pour Babylone". Alors seulement, ils pourraient rentrer chez eux.
Cela n'a de sens que si les 70 ans avaient déjà commencé.
Cette interprétation de Jérémie 29:10 est soutenue
par Dr Avigdor Orr :
"Le sens Hébreux original devrait être rendu
ainsi : 'Après l'accomplissement des 70 ans de (domination de)
Babylone, etc.' Les 70 ans comptés ici se réfèrent
évidemment à Babylone et non aux Judéens ou à
leur captivité. Ils veulent dire '70 ans de domination Babylonienne',
à la fin desquels interviendra la délivrance de l'exil"
Note 2
Si les soixante-dix années avaient commencé dans le futur,
dix ans après que les paroles de Jérémie aient
été écrites, elles signifieraient que Dieu
avait déjà décidé que Jérusalem serait
détruite. Dans ce cas, les avertissements postérieurs
de Jérémie n'auraient aucune signification:
Jér. 38:17,18 "Alors Jérémie dit
à Sédécias : "Voici ce qu'a dit Jéhovah,
Dieu des armées, Dieu d'Israël : 'Si vraiment tu sors vers
les prince du roi de Babylone, alors, à coup sûr, ton âme
restera en vie et cette ville ne sera pas brûlée par le
feu, et, à coup sûr, toi et ta maisonnée, vous resterez
en vie. Mais si tu ne sors pas vers les princes du roi de Babylone,
alors cette ville devra être livrée en la main des Chaldéens,
et ils la brûleront bel et bien par le feu, et toi tu n'échapperas
pas de leur main.' " "
Si Dieu avait déjà décidé de brûler
la ville dix ans avant de l'avoir fait, un tel avertissement aurait
été futile. L'exemple du livre de Jonas prouve que Dieu
change ses plans quand la repentance est exprimée. Nous
avons vu que Jérémie ne parle jamais de soixante-dix
ans de dévastation pour Jérusalem. Nous devrons avoir
cela à l'esprit quand nous examinerons les deux prochaines références,
où Daniel et Esdras utilisent ces mots. Naturellement, aucune
interprétation de ces textes ne devrait être contraire
aux mots de Jérémie lui-même.
Le prophète Daniel a fait l'expérience de la réalisation
dramatique de la prophétie de Jérémie. Il était
probablement parmi les captifs juifs qui ont reçu la lettre de
Jérémie (Jérémie 29:4-14). Au moins a-t-il
connu le contenu de cette lettre, promettant un retour à la terre
sainte après 70 ans de suprématie babylonienne. Une nuit
en 539 avant JC, le temps était fixé pour le puissant
empire babylonien, quand le roi de Babylone a vu l'écriture sur
le mur - littéralement.
Daniel a interprété ces écritures mystérieuses:
Dan 5:25-28 " Et voici l'écriture qui a été
tracée : MENÉ, MENÉ, TEKEL et PARSIN. "Voici l'interprétation
de la parole : MENÉ : Dieu a compté les jours de ton royaume
et y a mis fin. TEKEL : tu as été pesé dans la
balance et tu as été trouvé insuffisant. PÉRÈS
: ton royaume a été divisé et donné aux
Mèdes et aux Perses."
Oui, Dieu "avait compté les jours" du royaume des babyloniens.
Soixante-dix ans exactement après avoir finalement vaincu les
Assyriens, les Mèdes et les Perses, sous le Roi Cyrus, mirent
un terme à la prédominance de Babylone. Daniel conclut
: "dans cette nuit-là, Belschazzar, le roi chaldéen, fut
tué " (v30). Sans aucun doute, il y a ici une référence
aux prophéties de Jérémie. Ce "dénombrement
des jours" avait naturellement été révélée
à l'avance et non pas gardée secrète :
Amos 3:7 " Car le souverain seigneur Jéhovah
ne fera rien qu'il n'ait révélé sa chose confidentielle
à ses serviteurs, les prophètes."
Notez l'ordre des événements décris par Jérémie
:
Jer 25:11,12 " Et tout ce pays devra devenir un lieu
dévasté, un objet de stupéfaction, et ces nations
devront servir le roi de Babylone soixante-dix ans. Et il adviendra
à coup sûr, quand se seront accomplis les soixante-dix
ans, que je ferai que témoigne contre le roi de Babylone et contre
cette nation', telle est la déclaration de Jéhovah, 'leur
faute, oui, contre le pays des Chaldéens, et j'en ferai des solitudes
désolées pour des temps indéfinis'."
D'abord les soixante-dix années ont dû parvenir
à leur terme, et ensuite le roi de Babylone a été
appelé à rendre des comptes. Selon l'interprétation
de la WTS, les soixante-dix années ont fini deux ans après
que le roi ait été appelé à rendre des comptes.
C'est, comme n'importe qui peut facilement le voir, en contradiction
avec le texte.
Les Juifs qui étaient en exil à Babylone ont sans aucun
doute apprécié la fin de l'empire babylonien. Ils savaient
que cela devait se produire avant de pouvoir retourner à Jérusalem
et reconstruire le temple et la ville. Puis, comme Jérémie
l'avait indiqué, ils retourneraient chez eux. Dieu l'avait promis
: "je ratifierai à votre égard ma bonne parole,
en vous ramenant en ce lieu." (29:10)
Voici ce que Daniel a trouvé quand il a commencé à
examiner ces prophéties, juste après la chute de Babylone:
Dan 9:2 "dans la première année de son
règne, moi, Daniel, je discernai par les livres le nombre des
années au sujet desquelles la parole de Jéhovah était
advenue à Jérémie, le prophète, pour accomplir
les dévastations de Jérusalem, à savoir soixante-dix
ans". (TMN)
La WTS a souvent employé ces mots pour appuyer son interprétation
des soixante-dix années, à savoir que ces années
étaient les années allant de la destruction de Jérusalem
au retour des Juifs chez eux. Dans quelques traductions, les mots sont
imprécis et donnent l'impression que soixante-dix ans ont dû
passer tandis que Jérusalem était en ruine. La TMN maintient
cependant fidèlement les mots quelque peu ambigus de l'original.
Daniel dit simplement que soixante-dix ans devaient passer avant
que les dévastations de Jérusalem puissent finir. Il ne
dit pas que ces soixante-dix années ont commencé quand
Jérusalem a été détruite. Notez cette traduction
dominante :
Dan 9:2 "en l'an I de son règne, moi, Daniel,
je scrutai les Ecritures, comptant le nombre des années – tel
qu'il fut révélé par Yahvé au prophète
Jérémie – qui doivent s'accomplir pour les ruines de Jérusalem,
à savoir soixante-dix ans." (BJr)
Notez l'utilisation du pluriel, "dévastations". La WTS
affirme que la dévastation de Jérusalem s'est produite
quand la ville a été détruite par Nébucadnezzar.
Mais Daniel parle de plusieurs dévastations. La Bible de Jérusalem
utilise même l'expression "les dévastations successives
de Jérusalem."
Le mot pour "dévastation" est chorbah. Il ne signifie
pas, comme nous le verrons, la destruction complète. Nous avons
vu que Nébucadnezzar avait déjà pris des prisonniers
et le butin de Jérusalem en 605 avant JC, qui est l'année
de son accession. Toutes les années suivantes, son armée
a traversé le pays, causant sans doute davantage de destruction.
Et la Bible parle même des bandes de maraudeurs de différentes
nations causant des ravages à cette époque (voir 2 Rois
24:2; Jérémie 35:11).
Si nous voyons comment cette expression est employée ailleurs
dans la Bible, l'argument de WTS tombe complètement à
l'eau. Le prophète Ezéchiel parle des "habitants de ces
lieux dévastés" (Ezéchiel 33:24, 27), ce qui montre
à l'évidence que le mot de dévastation ne se rapporte
pas nécessairement à des lieux qui sont complètement
dépourvus de populations. Quand en outre nous voyons, en Néhémie
2:17, que la Bible parle de "Jérusalem dévastée"
même lorsque les juifs y étaient revenus, nous nous rendons
compte que l'utilisation de la WTS de ce mot est erronée.
Nous avons maintenant vu que Daniel 9:2 ne donne aucun appui à
l'interprétation de la WTS. D'abord, Daniel ne déclare
nulle part que les soixante-dix années ont commencé quand
Jérusalem a été détruite. Ensuite, les dévastations
de Jérusalem ont commencé de nombreuses années
avant la destruction finale, en 587 AV JC.
Le dernier verset de la Bible que nous examinerons à propos
des soixante-dix années est également concerné
par la réalisation de la prophétie de Jérémie.
A nouveau, le texte doit être examiné en se souvenant des
paroles de Jérémie lui-même. Esdras, le scribe,
conclut ses chroniques concernant les rois de Juda avec ces mots :
2Chron 36:20,21 "En outre, il emmena captifs à
Babylone ceux qui étaient restés, (ayant échappé)
à l'épée, et ils devinrent ses serviteurs, à
lui et à ses fils, jusqu'à ce que la maison royale de
Perse eût commencé à régner ; pour accomplir
la parole de Jéhovah (prononcée) par la bouche de Jérémie,
jusqu'à ce que le pays se fût acquitté de ses sabbats.
Tous les jours qu'il resta désolé, il fit sabbat, pour
accomplir soixante-dix années."
A nouveau, ces mots peuvent suggérer que le pays était
désolé pendant soixante-dix années exactement.
Mais comme nous l'avons vu plus haut, les dévastations avaient
commencés avant la destruction finale de Jérusalem. Ainsi
ce texte ne prête de toute façon aucun soutien à
l'interprétation de la WTS.
D'ailleurs, Esdras ne dit pas que la période de soixante-dix
ans était parallèle avec la période où le
pays était dans la désolation. Il dit simplement que les
soixante-dix années ont dû finir avant que la période
de désolation soit finie. Ceci s'applique également à
la référence d'Esdras aux sabbats.
Jérémie ne mentionne nulle part les années de
sabbat en rapport avec les soixante-dix années. Esdras se réfère
sans aucun doute à la prophétie de Lévitique 26:33-35.
Esdras n'a pas le temps nécessaire pour payer les sabbats avec
les soixante-dix années. Il se réfère à
deux prophéties différentes, et déclare que deux
périodes devaient être révolues avant que les Juifs
puissent rentrer chez eux : le repos du sabbat et les soixante-dix
années de suprématie babylonienne.
Il y a deux principes concernant le repos du sabbat qui valent la peine
d'être rappelés. Si le pays avait du se reposer pendant
soixante-dix années, cela aurait signifié que pendant
490 années (7 x 70), les Juifs n'avaient pas observé le
sabbat. Cela nous renverrait en 1077 AV JC (ou 1097 dans la chronologie
de la WTS). C'était avant le règne de David le juste,
et même avant Saül qui était le premier roi d'Israël.
Est-il possible que le pays n'ait pas observé le Sabbat, ne serait
ce qu'une seule année, pendant les règnes de Saül,
David, Salomon et Josée…? D'autre part, en utilisant la chronologie
établie, le pays a été désolé (au
sens, où il n'était pas utilisé pour l'agriculture)
pendant 50 années. Ceci (7 x 50 années) nous renvoie en
937 AV JC, très près de la période de division
du royaume, qui est due à l'infidélité du roi.
Trop d'insistance sur les détails de cette prophétie peut
paraître douteux, mais c'est un élément digne de
considération.
Selon la Bible, la destruction de Jérusalem a lieu en 587 AV
JC
La conclusion de ce qui précède doit être qu'il
n'y a rien dans la Bible qui contredise la chronologie établie
("profane") datant l'année d'accession de Nébucadnezzar
en 605 AV JC. La Bible déclare que la chute et la destruction
finales de Jérusalem eurent lieu par la 19ème année
de règne de Nébucadnezzar (Jérémie 52:12
; 2 Rois 25:1-4 ; 2 Chron. 26:11,19).
C'est-à-dire en 587 AV JC. Note
3
D'autre part, la WTS a échoué dans sa tentative de construire
un système qui soit logiquement conforme au témoignage
de la Bible concernant les soixante-dix années.
D'ailleurs, leur chronologie contredit directement les formulations
claires que l'on trouve chez Daniel et Zacharie. Tandis que la Bible
elle-même est suffisante pour rejeter la chronologie de la Société
Watchtower, nous prendrons le temps d'examiner l'énorme quantité
de preuves archéologiques confirmant la chronologie établie.
(Note du traducteur : je n'ai pas pris le temps de traduire cette
nouvelle partie consacrée aux preuves archéologiques.
Ce texte étant essentiellement adressé à des Témoins
de Jéhovah ou à des personnes tentées d'admettre
leur doctrine, la partie qui précède, sur les preuves
bibliques, devrait suffire à se défaire des "erreurs"
de la Watchtower concernant la doctrine centrale de 1914. Pour une approche
détaillée des preuves archéologiques, je ne peux
pour l'instant que renvoyer au texte
anglais. Je traduis cependant le résumé des preuves
archéologiques pour que ceux qui le souhaitent puissent consulter,
dans une bibliothèque par exemple, les références
qui y sont contenues.)
Résumé des preuves archéologiques prouvant la chronologie
établie
1. Chroniques, archives historiques, et inscriptions royales
de la période néo-babylonienne, commençant par
le règne de Nabopolassar et finissant avec les règnes
de Nabonide et de Belshazzar, montrent qu'elle s'est étendu 626
à 539 AV JC, et pas de 645 à 539 AV JC comme le prétend
la Société WT
- Bérose
- Ptolémée
- Diverses chroniques Babyloniennes comme les Chroniques de Nabonide
- Nabonide N° 18
- La stèle d'Hillah, Nabonide N° 8
- La stèle d'Adda-Guddi, Nabonide H1, B
2. Documents administratifs et commerciaux
Il existe des tablettes qui sont datées selon chaque année
de la période néo-babylonienne, comme cela a été
établi par Bérose, Ptolémée ainsi que
par les stèles de l'époque ; aucune tablette n'a été
datée de façon inconséquente. Environ 5000 ont
été publiées et environ 50.000 autres tablettes
peuvent encore l'être. Ce sont des documents de l'époque
néo-babylonienne.
3. Agenda d'astronomie
- VAT 4956 fixe la 37ème année de Nébucadnezzar
à 568 AV JC au moyen d'observations astronomiques, établissant
ainsi que son année d'accession est 605 AV JC.
- BM 32312 et la Chronique d'Akitu fixe la seizième
année de Shamashshumukin (Un roi Babylonnien, avant la période
néo-babylonienne) à 652-1 AV JC. Ceci, combiné
avec les documents commerciaux, le canon de Ptolémée
et les Chroniques d'Akitu ainsi que la Liste du Roi Uruk nous
amène à dater le règne de Nébucadnezzar
entre 605-4 et 562-1, et ainsi sa 18ème année
(destruction de Jérusalem, Jér. 52:28-30) en 587-6 AV
JC.
4. Textes de Saros, éclipse lunaire
- Quatre textes indépendants fournissent des dates absolues
valables dans la période néo-babylonienne. La 18ème
année de Nébucadnezzar est fixée à 587-6
AV JC.
5. Les concordances avec la chronologie égyptienne de l'époque
montrent que la chronologie de la Watch Tower se trompe de 20 ans.
- José est mort lors du règne du Pharaon Néco,
lequel débuta en 610 AV JC. La WTS date la mort de José
en 629 AV JC.
- Des Juifs se sont échappé d'Egypte sous le Pharaon
Hophra, immédiatement après la destruction de Jérusalem.
Puisqu'il avait commencé à régner en 589 AV JC,
Jérusalem ne pouvait pas avoir été détruite
en 607 AV JC.
- Un texte cunéiforme fragmentaire mentionne une bataille lancée
par Nébucadnezzar lors de la 37ème année
de son règne contre le Pharaon Amasis, qui lui, avait commencé
son règne en 570 AV JC. La WTS affirme que Nébucadnezzar
est mort en 582 AV JC !