Pour imprimer ce texte
La WT demande à ses adeptes de se méfier de la philosophie.
Ce n'est pas étonnant quand on sait que la philosophie est une
discipline intellectuelle permettant d'examiner de façon critique
toutes les opinions. Apprendre à se poser des questions, à
réfléchir aux tenants et aboutissants d'une opinion, ainsi
qu'à ses contradictions, voilà qui est fait pour déplaire
foncièrement à tout esprit sectaire.
Mais examinons les raisons qu'allègue la WT pour justifier sa
condamnation de la philosophie. Nous allons pour cela commenter l'article
Philosophie du livre "Comment raisonner à partir des Ecritures".
Déjà, le titre de cet ouvrage est tout un programme :
il ne s'agit pas d'apprendre à raisonner par soi-même mais
bien de trouver dans ce livre des raisonnements tout faits, que l'adepte
n'aura qu'à apprendre par cur pour avoir quelque chose
à dire en toute circonstance, sans avoir à effectuer de
véritable réflexion personnelle. Il faut bien cela : si
l'adepte se mettait à réfléchir trop personnellement,
il pourrait se mettre à se poser des questions qui déplaisent
en général à la WT.
Voici donc l'article, commenté pas à pas :
Philosophie
Définition: Le mot philosophie vient dune
racine grecque qui signifie "amour de la sagesse". La philosophie
dont nous traiterons ici nest pas fondée sur la croyance
en Dieu; elle cherche à donner à lhomme une vision
cohérente de lunivers et à développer son
sens critique. Dans sa quête de la vérité, elle
recourt plus à la spéculation quà lobservation.
L'emploi du terme de spéculation signifie que la philosophie
n'est qu'une construction arbitraire de l'esprit humain, ce qui d'emblée
suggère que la philosophie est sans valeur, puisqu'elle semble
utiliser un instrument complètement inapproprié pour la
recherche de la vérité. Le terme de spéculation
est en effet souvent employé pour désigner ce qui n'a
de valeur qu'hypothétique et qui ne saurait donc tenir lieu de
vérité. Mais ce n'est pas le sens strict et premier de
ce terme. Spéculation vient du latin "speculor" qui signifie
être aux aguets, examiner ou observer avec minutie. C'est ce sens
qui convient pour parler de la spéculation philosophique. La
WT, soit par ignorance, soit par malhonnêteté suggère
ici une confusion entre le sens vague de spéculation et le sens
strict en opposant spéculation et observation.
Il est clair que la philosophie se propose de réfléchir
sur des objets qui ne sont pas directement observables au moyen des
sens : se demander "qu'est-ce que la vérité ?" par exemple
consiste à s'interroger sur une idée plutôt que
sur un objet concret, les sens physiques n'ont donc pas grand rôle
à jouer ici. Mais cette réflexion suppose justement une
observation minutieuse de ce que nous avons à l'esprit. C'est
comme la différence qu'il y a entre l'homme de la rue et le scientifique.
Le premier se contente de voir banalement que les objets tombent par
terre et le scientifique observe la chute des corps pour vérifier
une hypothèse ou une théorie comme la loi de la gravitation
universelle. En philosophie, on observe nos propres idées,
celles qu'on prend dans la vie de tous les jours comme de simples banalités
: quoi de plus "évident" que la notion de vérité
? Mais dès qu'il s'agit de donner une définition précise
et rigoureuse de cette notion, on est bien embêté ! Et
pourtant nous employons cette notion de vérité très
fréquemment, certains sont même prêts à mourir
pour la vérité ! Il est donc important de savoir la définir
correctement, d'en voir toutes les propriétés logiques,
afin de ne plus demeurer dans la confusion. Et pour cela la "spéculation"
philosophique, autrement dit l'observation minutieuse de nos propres
idées est nécessaire.
Avant de savoir ce qui existe ou non, il est sérieux d'examiner
l'idée que nous nous faisons de ces objets. Ainsi les notions
de passion, de savoir, d'esprit, de nature, de Dieu, de liberté
etc. sont des notions qui ont pour objet des réalités
qui par nature ne sont pas appréhendables au moyen des sens.
Mais une observation intellectuelle et néanmoins minutieuse de
ces notions est possible. Et c'est même la première chose
à faire avant d'affirmer quoique ce soit concernant les réalités
auxquelles correspondent ces idées. Soit l'idée de la
table, si je me dis que c'est simplement une surface plate avec 4 pieds,
je ne saurai pas voir qu'une table peut avoir 1, 3 ou plusieurs pieds,
il faut donc que je réfléchisse à mon idée
de table avant d'affirmer que tel objet est une table et que tel autre
ne lest pas. De même il sera nécessaire de réfléchir
à notre idée de Dieu avant de pouvoir dire "Dieu est ici,
Dieu n'est pas là
".
Comment la connaissance exacte et la vraie sagesse sacquièrent-elles?
Prov. 1:7; Ps. 111:10: "La crainte de Jéhovah est le commencement
de la connaissance (...) [et] de la sagesse." (Si lunivers nétait
pas luvre dun Créateur intelligent, mais
le produit dune force aveugle et irrationnelle, pourrait-on
sen faire une représentation cohérente? Létude
dune chose irrationnelle ne peut mener à ce quon
qualifie de sagesse, nest-ce pas? Ceux qui sefforcent
de comprendre lunivers ou la vie sans chercher à connaître
Dieu et son dessein sont voués à léchec.
Ils se trompent dans linterprétation de ce quils
apprennent et font un mauvais usage des faits quils recueillent.
Nier lexistence de Dieu, cest détruire la clé
de la connaissance exacte. Il devient alors impossible délaborer
un système de pensée qui se tienne réellement.)
D'abord, l'auteur affirme ici que tout philosophe, en tant que philosophe
proprement dit, est athée. Rien de plus faux. Platon,
Aristote,
Descartes,
Spinoza, Leibniz,
Kant, Hegel
etc. admettent l'existence d'un Dieu. Il y a même des philosophes
spécifiquement chrétiens, catholiques ou protestants :
St Augustin,
St Anselme, St
Thomas d'Aquin, Pascal,
Kierkegaard,
Jaspers
L'idée donnée ici au départ selon laquelle il
faut qu'une force raisonnable ait réalisé l'univers pour
que celui-ci soit rationnellement compréhensible est inspirée
d'Einstein. Ce dernier disait "ce qu'il y a de plus incompréhensible,
c'est que l'univers soit compréhensible". On notera qu'Einstein
était beaucoup plus prudent dans son affirmation que l'auteur
WT : bien sûr, tout semble devenir compréhensible si on
fait intervenir l'idée de Dieu, mais Dieu n'est précisément
pas compréhensible d'un point de vue scientifique. Car la science
moderne n'est rien d'autre que l'étude des phénomènes,
c'est-à-dire l'étude d'objets qui ont une réalité
sensible immédiate : tel type de corps, tel type de relation
entre les corps
Dieu, s'il est bien Dieu ne saurait être
un corps, il n'est donc pas accessible à la raison scientifique.
Mais la raison philosophique peut cependant réfléchir
à l'idée de Dieu, pour en déterminer la nature
et les propriétés, parce que cette partie de la raison
n'étudie pas les phénomènes mais les idées
de notre esprit.
D'ailleurs Einstein lui-même n'était pas que scientifique,
il était également philosophe. La WT a souvent cité
Einstein disant "Dieu ne joue pas aux dés", en voulant montrer
par là qu'on peut fort bien être scientifique et admettre
l'existence de Dieu. Mais ce qu'elle "oublie" de préciser, c'est
que le Dieu qu'admettait ce grand esprit n'avait pas grand chose à
voir avec le dieu anthropomorphique (conçu sur le modèle
de l'homme) de beaucoup de chrétiens (pas tous) et des TJ en
particulier : "I
believe in Spinoza's God who reveals himself in the orderly harmony
of what exists, not in a God who concerns himself with the fates and
actions of human beings." [Telegram of A.Einstein, 1929] disait-il,
autrement dit "je crois au Dieu de Spinoza, qui se révèle
dans l'harmonie ordonnée de ce qui existe, pas en un Dieu qui
se soucie de la destinée et des actions des êtres humains".
Le Dieu de Spinoza, c'est d'abord une réflexion rigoureuse et
minutieuse sur ce que Dieu peut être. Or la notion de Dieu, c'est
d'abord l'idée d'un être absolument infini, dont la puissance
n'a pas de limite. La notion de "Créateur" est censée
être une conséquence de cette idée première.
Mais si l'on y réfléchit, concevoir un créateur,
forcément distinct de sa création n'est pas cohérent,
car alors Dieu serait limité par cette création. Pour
être réellement "absolument infini", Dieu ne doit pas se
distinguer fondamentalement de l'univers, de la nature. Tout ce qui
existe n'est donc pas à proprement parler sa création,
mais une expression de sa puissance infinie d'exister. De même,
puisque Dieu pour être Dieu doit être absolument infini,
il ne saurait avoir de désirs, se fixer des fins, des buts, car
avoir des désirs et se fixer des fins, c'est être limité,
ne pas encore avoir ce qu'on voudrait avoir. Voilà pourquoi Dieu
ne saurait se soucier de la destinée des hommes, comme le dit
Einstein.
Les Témoins répondront que tout cela n'est pas ce qu'enseigne
la Bible. Mais qu'est-ce qui leur fait croire en l'autorité absolue
de la Bible ? C'est d'abord l'idée qu'ils se font de Dieu
: ils se disent que Dieu est un être parfait et en déduisent
(un peu vite) que cette perfection implique une bonté absolue,
devant consister à révéler Sa volonté dans
un Livre, pour que les hommes sachent que faire. Ce Livre, c'est pour
eux la Bible. Au delà de tout ce qui est critiquable dans cette
façon de voir les choses, on notera que c'est d'abord d'une idée
de Dieu qu'ils partent, c'est-à-dire de leur propre façon
de voir les choses, ce n'est pas Dieu en personne qui est venu les voir
pour leur dire que la Bible est Sa parole. Et quand bien même
il feraient une telle expérience, comment savoir que l'être
qui vient les voir est bien Dieu, autrement qu'en l'identifiant à
l'idée qu'ils s'en étaient fait auparavant ? Dans
toute relation à Dieu (comme d'ailleurs à toute chose),
on part d'abord de l'idée qu'on s'en fait. L'attitude intelligente
consiste alors à examiner de près cette idée, avant
d'en tirer trop rapidement des conclusions. Qu'on le veuille ou non,
cette attitude sera philosophique, elle consistera à se poser
d'abord un certain nombre de questions, avant de conclure.
Dans l'enseignement du Christ, tel qu'il transparaît des Evangiles,
une telle réflexion est à l'uvre. L'idée
de Dieu évolue au travers des écrits bibliques, qui rappelons
le s'échelonnent sur plusieurs centaines d'années. Le
Dieu vengeur et jaloux des Ecritures hébraïques devient
un Père aimant et miséricordieux. Ainsi, dans aucune trace
de l'enseignement oral du Christ, on ne trouve l'idée qu'il faille
d'abord craindre Dieu, ainsi que le croyaient les Anciens, comme David
ou Salomon, selon les versets cités plus haut. En effet, la
crainte et la connaissance sont plutôt contradictoires. La
crainte naît de l'ignorance. Quand nous connaissons la nature
exacte d'un danger, plutôt que de craindre, nous cherchons à
le neutraliser, dans une attitude de courage. Quand nous ne connaissons
pas un objet qui semble pouvoir nous toucher, nous aurons tendance à
le craindre. Et alors l'imagination va bon train : nous nous représentons
l'objet de notre crainte de façon déformée, voire
difforme. Pour pouvoir accéder à la connaissance objective
ou rigoureuse de quelque chose, il faut commencer par mettre la crainte
entre parenthèse, pour cultiver une attitude sereine. C'est ce
que Jésus a voulu faire comprendre à ses contemporains
en enseignant que Dieu est un Père aimant.
Prov. 2:4-7: "Si tu continues à chercher cela comme largent
et si tu le recherches sans relâche comme des trésors
cachés, alors tu comprendras la crainte de Jéhovah et
tu trouveras la connaissance de Dieu. Car Jéhovah lui-même
donne la sagesse; de sa bouche viennent la connaissance et le discernement.
Et il conservera avec soin la sagesse pratique pour les hommes droits."
(Jéhovah nous dispense laide dont nous avons besoin par
lintermédiaire de sa Parole écrite et de son organisation
visible. De notre côté, nous devons être animés
du vif désir dacquérir la connaissance et la sagesse
et faire des efforts en ce sens, en utilisant notamment nos facultés
de réflexion dune manière constructive.)
On notera ici l'interprétation particulièrement tordue
du Proverbe cité. Salomon croyait que la sagesse était
une qualité donnée par Dieu, permettant d'agir prudemment
en toute circonstance. Et cette qualité était donnée
par Dieu à force de prière. Aucun livre ne permet de savoir
comment agir en toute circonstance. Aucun livre ne saurait renfermer
toutes les circonstances de la vie. Quand Salomon a la sagesse de
mettre en évidence quelle est la vraie mère entre celles
qui se disputaient un enfant, il ne l'a trouvé dans aucun livre,
il a fait appel à un jugement personnel, une intuition qu'il
croit donnée par Dieu. Mais cette sagesse donnée par Dieu,
rien ne dit qu'elle est toute contenue dans la Bible et encore moins
"l'organisation visible" de Dieu (autrement dit la WT) : la bouche de
Dieu, c'est l'inspiration, l'intuition à laquelle s'ouvre par
des prières répétées celui qui veut agir
au mieux. Et si Dieu "conserve" cette inspiration qui par nature est
fugace, c'est dans le cur des hommes droits, ceux qui recherchent
réellement la sagesse de tout leur cur au lieu de se contenter
de façon infantile de dire amen à tout ce que dit une
"organisation". Si toute la sagesse du monde était conservée
dans un seul livre, la Bible, alors Salomon se contredirait, car tous
les hommes peuvent avoir accès à la Bible, y compris les
hommes mauvais et tordus, pour y trouver la justification de leur volonté
de domination (ainsi que l'histoire l'a amplement démontré).
Le fait que la sagesse soit conservée uniquement "pour les hommes
droits" montre qu'elle ne se trouve pas dans quoique ce soit d'extérieur,
à quoi tout le monde peut accéder sans grand effort, mais
plutôt dans une source intérieure, l'intuition et la capacité
de raisonner correctement.
Est-il réaliste despérer
découvrir la vérité
absolue de cette façon?
II Tim. 3:16; Jean 17:17: "Toute Écriture est inspirée
de Dieu." "[Parlant à son Père, Jésus déclara:]
Ta parole est vérité." (Nest-il pas raisonnable
de croire que le Créateur de lunivers comprend pleinement
son uvre? Dans la Bible, il ne nous explique pas tout sur lunivers;
en revanche, ce quil y a fait écrire na pas un
caractère spéculatif: cest la vérité.
Dieu nous révèle également dans sa Parole le
dessein quil a conçu et la façon dont il le mènera
à bien. Sa toute-puissance, sa sagesse incomparable, sa justice
sans faille et son immense amour nous donnent la garantie quil
réalisera vraiment ce quil a prévu, et ce, de
la meilleure façon qui soit. Ainsi, en raison de ses qualités,
nous avons lassurance que la parole par laquelle il nous fait
connaître son dessein est réellement digne de foi; elle
est la vérité.)
La philosophie n'a pas forcément pour prétention de découvrir
la "vérité absolue". Pour des philosophes comme Avéroès
ou St Thomas, raison et révélation dans les Ecritures
saintes se complètent. Mais on peut sans doute découvrir
des vérités grâce à la philosophie
: une vérité est un jugement dont on ne peut absolument
pas douter, qui correspond à une véritable certitude objective
et pas simplement à une conviction subjective. Par exemple, Descartes
affirme "je pense donc je suis" : comment douter d'une telle affirmation
puisque douter, c'est penser et que penser, c'est être ? Pas besoin
de la Bible ici pour accéder à cette vérité.
La philosophie est l'amour de la sagesse, non la possession pleine et
entière de la sagesse, auquel cas on n'a plus besoin de chercher.
Croire que toute LA vérité est contenue dans la Bible
est absurde car la vérité pleine et entière est
sans limite, ce serait la connaissance exacte de tout ce qui existe,
or la Bible est limitée en nombre de pages ! Faire de la Bible
le lieu dans lequel se réduit toute la Pensée de Dieu,
c'est proprement une idolâtrie qui prétend enfermer l'infinité
divine dans un objet extérieur et fini.
On peut croire cependant comme Paul que "toute Ecriture est inspirée
de Dieu", mais cela ne signifie pas que toute l'Ecriture renferme toute
la pensée divine. Si l'Ecriture est inspirée de Dieu,
et à ce titre "utile" comme le dit Paul, c'est d'abord l'auteur
humain qui en est responsable. Un musicien peut être inspiré
en voyant le printemps arriver et écrire une sonate qui traduit
cette inspiration, mais un autre musicien exprimera autrement la même
inspiration. Aucune des deux musiques ne seront fausses, elles traduiront
avant tout le rapport du musicien avec l'objet de son inspiration mais
aucune ne renfermera la "vérité absolue" du printemps.
Ainsi le fait que l'Ecriture soit "inspirée" de Dieu ne signifie
en aucun cas la même chose que si Dieu dictait à voix haute
ses recommandations aux divers écrivains de la Bible.
En outre l'identification de la "Parole" de Dieu à la Bible
est complètement irrespectueux des Textes. "Au commencement était
la Parole et la Parole était avec Dieu" dit Jean au début
de son Evangile. Que je sache, la Bible n'était pas encore écrite
au commencement de toutes choses ! La Bible est un produit historique.
Quand Jean dit que Jésus est la Parole de Dieu, en faisant dire
à Jésus "Je suis la Vérité", il signifie
forcément autre chose que "la Bible est la vérité",
car ce n'est pas Jésus qui a écrit la Bible et Jésus
n'est pas la Bible.
Maintenant que dit Jésus ? Aimez vous les uns les autres, et
aimez Dieu comme vous mêmes. Il dit aussi "suivez mon exemple".
Qu'est-ce que cela signifier sinon que chacun devrait dire à
son tour "Je suis la Vérité" ? Comment comprendre cela
? En comprenant que le "Je" qui s'exprime ici est un "Je" universel,
le fond de toute conscience. C'est dans l'approfondissement de cette
conscience de soi que se trouve la vérité. Et cet approfondissement
ne se fait pas dans la crainte et le tremblement mais dans l'amour.
Amour et connaissance étaient en effet identifiés depuis
les premiers auteurs bibliques. "Connais-toi toi même et tu connaîtras
les mystères de l'Univers" disaient les grecs, le Jésus
de Jean rejoint ici cette intuition. C'est d'ailleurs pourquoi les dirigeants
catholiques des premiers temps ont longtemps hésité avant
d'intégrer l'Evangile de Jean dans le Canon de la Bible, car
il la trouvaient trop gnostique, trop grecque.
Doù viennent les philosophies
humaines?
Elles sont échafaudées par de simples hommes
aux capacités limitées: La Bible nous prévient:
"Il nappartient pas à lhomme qui marche de diriger
son pas." (Jér. 10:23). LHistoire confirme quà
vouloir ignorer ce fait lhomme na pas obtenu de bons résultats.
En une certaine occasion, "Jéhovah répondit à
Job du milieu de la tempête de vent et dit: Quel est celui
qui obscurcit le conseil par des paroles dépourvues de connaissance?
Sil te plaît, ceins tes reins comme un homme valide, et
laisse-moi te questionner, et tu me renseigneras. Où te trouvais-tu
quand jai fondé la terre? Indique-le-moi, si tu connais
lintelligence." (Job 38:1-4). (De par leur nature, les
hommes ont des capacités limitées. En outre, ils ont
une expérience de la vie plutôt réduite, dautant
plus quils ne se familiarisent généralement quavec
un seul type de culture ou de milieu. Dès lors, ils nont
quune connaissance restreinte des choses; or, celles-ci sont
si imbriquées quils découvrent sans cesse de nouveaux
aspects auxquels ils navaient pas convenablement réfléchi.
Les hommes peuvent élaborer toutes les philosophies quils
veulent, elles porteront toujours lempreinte de ces limites.)
Elles sont luvre dhumains imparfaits: "Tous
en effet ont péché et natteignent pas à
la gloire de Dieu." (Rom. 3:23). "Il y a telle voie qui est droite
devant un homme, mais les voies de la mort en sont la fin par la suite."
(Prov. 14:12). (En raison de cette imperfection, les philosophies
humaines trahissent souvent un fond dégoïsme qui
mène peut-être à un plaisir momentané,
mais également à la frustration et au malheur.)
L'histoire montre sans doute qu'en ignorant Dieu, les hommes ne se
sont pas bien conduits. Mais elle montre également qu'en se
croyant investis d'une mission divine, ils se sont également
sentis autorisés à commettre les pires atrocités.
Le fait est qu'en commettant des actes nuisibles, les hommes n'ont pas
plus pris au sérieux les Evangiles qu'ils n'ont pris au sérieux
les philosophes. Les hommes avides de pouvoir et de domination sont
en général peu enclins à chercher la sagesse et
la vérité.
Dire ensuite que les philosophies sont l'uvre d'esprits humains
limités est incontestable. Mais la philosophie reconnaît
par nature ses limites : l'amour de la sagesse n'est pas la pleine
et entière possession de celle-ci. Reconnaître ses limites
est en effet le commencement de la sagesse mais pas la possession
complète de la sagesse. Croire au contraire qu'on possède
toute la sagesse du monde avec sa Bible en poche relève d'un
manque de prudence et de modestie qui n'a plus grand chose à
voir avec la sagesse authentique.
Reconnaître que les hommes ont des capacités limitées,
cela implique en bonne logique de reconnaître que la valeur de
"l'inspiration" qui est à l'uvre dans les Ecritures est
elle-même limitée. Les hommes qui se disent inspirés
de Dieu ne restent que des hommes et quelle que soit la valeur de cette
inspiration (souvent très élevée), elle reste relative,
fondamentalement humaine. Comment ne pas voir l'expression d'intérêts
humains trop humains et historiquement limités dans les "guerres
saintes" ou dans certaines Lois comme celle-ci : "Si des hommes se battent
ensemble, lun contre lautre, et que la femme de lun
se soit approchée pour délivrer son mari de la main de
celui qui le frappe ; si elle a avancé sa main et a saisi ce
dernier par ses parties génitales, alors il faudra que tu lamputes
de la main. Ton il ne devra pas sapitoyer." (Deutéronome
25:11-12, TMN) ? La prudence et la modestie commandent
plutôt qu'on ne croie pas trop vite avoir trouvé la solution
divine à tous les problèmes avec un Livre écrit
par des hommes. Si la Bible a une grande valeur, elle reste humainement
déterminée, il convient donc de savoir en prendre et en
laisser.
Quant à l'affirmation "les philosophies humaines trahissent
souvent un fond d'égoïsme
", elle est complètement
gratuite. Où est l'égoïsme quand Kant affirme dans
sa Critique de la Raison Pratique "agis toujours de telle sorte
que la maxime de ton action puisse devenir universelle" ? Où
est l'égoïsme quand Spinoza affirme dans son Éthique
: "les hommes qui sont gouvernés par la Raison, c'est-à-dire
les hommes qui recherchent leur utile propre sous la conduite de la
Raison, ne poursuivent rien pour eux-mêmes qu'ils ne le désirent
aussi pour les autres hommes et ils sont par conséquent justes,
honnêtes et de bonne foi." ?
Elles sont influencées par les démons:
"Le monde entier gît au pouvoir du méchant." (I Jean
5:19). "Celui qui est appelé Diable et Satan (...) égare
la terre habitée tout entière." (Rév. 12:9).
"Vous marchiez jadis, selon le système de choses de ce monde,
selon le chef de lautorité de lair, de lesprit
qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance."
(Éph. 2:2). (Les philosophies qui incitent les hommes à
désobéir aux exigences saines et justes de Jéhovah
reflètent cette influence démoniaque. Il nest
donc guère étonnant que, comme lHistoire le prouve,
les philosophies et les projets humains aient souvent plongé
dans le malheur des populations entières.)
Voilà l'argument massue de la WT : tout ce qui ne vient pas
de son Organisation et de la Bible (traduite par Ses soins) est satanique.
Comme il n'y a pas de philosophe Témoin de Jéhovah, toute
la philosophie est satanique ! Dès que l'autorité de la
WT risque être mise en doute, elle a l'habitude d'agiter le
spectre de Satan, pour bien effrayer ses adeptes.
Mais quelles sont les "exigences saines et justes" de Dieu ? S'agit-il
comme dans l'exemple de Loi cité au dessus d'amputer la main
de la femme qui aura eu le malheur de toucher les parties génitales
d'un homme ? Ou bien s'agit-il de s'aimer soi-même (c'est si difficile),
d'aimer Dieu et d'aimer les autres hommes ? Dans ce cas, il n'y a aucun
philosophe qui ait rejeté ces trois impératifs à
la fois. Pascal a dit "le moi est haïssable", il n'a pas dit cependant,
"il faut le haïr", mais quoiqu'il en soit, il s'est plutôt
évertué à montrer quelles sont les raisons de croire
en Dieu et de l'aimer, ainsi que les autres hommes. Nietzsche a dit
"Dieu est mort", mais il s'agissait du Dieu morbide d'une certaine chrétienté,
se complaisant dans la seule souffrance, l'automutilation, la prise
en pitié de soi
Nietzsche a également reconnu la
valeur de l'enseignement du Christ.
Par contre que dire de la philosophie de Spinoza qui démontre
comment la plus haute félicité s'obtient par la connaissance
et l'amour intellectuel de Dieu ainsi que de toute réalité
qui en est l'expression ?
Mais quoiqu'aient dit certains philosophes, ce n'est pas une raison
pour rejeter toute la philosophie. On peut ne pas être d'accord
avec les arguments de Pascal ou de Nietzsche mais la critique elle-même
de ces arguments relève de la philosophie. La WT présente
ici la philosophie comme se réduisant aux doctrines des philosophes
reconnus comme tels. Mais la philosophie ne se réduit pas du
tout à cela, elle n'est pas qu'un ensemble de systèmes
de pensée, qu'il faudrait admettre comme on adhère aux
croyances d'une religion. Elle est avant tout une attitude intellectuelle
d'examen critique des idées, une activité que chacun peut
reprendre à son compte. Cela ne suppose en aucun cas qu'il faille
adhérer sans recul critique à quelque philosophie particulière
que ce soit. Aucun philosophe ne le demande.
Quant à la dernière phrase "comme l'Histoire le prouve,
les philosophies" ont souvent "plongé dans le malheur des populations
entières", elle est particulièrement malhonnête
dans sa confusion. D'abord, il y a bien peu de philosophes qui aient
eu une influence historique importante. On peut citer Spinoza qui a
été le premier à expliquer dans son Traité
théologico-politique que l'Etat n'avait pas à limiter
le droit naturel de penser ce qu'on veut et de l'exprimer. Cela a influencé
les intellectuels qui ont eux-mêmes influencé les politiques
de la Révolution Française qui ont inscrit le droit de
conscience et d'expression dans la Déclaration des droits de
l'Homme et du Citoyen. Qu'y a-t-il de mal à cela ? Bien sûr,
la WT rêve d'un monde où elle pourra contrôler toutes
les consciences, son "Paradis Terrestre", mais en attendant elle profite
bien de cette idée dans les pays occidentaux, qui veut que la
tolérance soit de mise.
Hitler s'est prétendu inspiré de la philosophie de Nietzsche.
Mais il s'est également prétendu inspiré de la
Bible. Tous les historiens reconnaissent aujourd'hui que le peu qu'avait
lu Hitler de Nietzsche n'avait pas du tout été compris.
Nietzsche montre à plusieurs reprises que ce qu'il appelle le
"surhumain" fuit les mouvements de foule qu'affectionnait Hitler, mouvements
de foule où ce n'est plus la volonté de puissance individuelle
qui décide mais une masse informe, dominée par la volonté
non de puissance mais de domination, qui n'est en fait qu'une volonté
de néant. La véritable volonté de puissance de
Nietzsche ne s'applique qu'à soi et est une volonté de
vie, c'est la force de ceux qui prennent leurs décisions en n'obéissant
qu'à eux-mêmes, sans avoir besoin de se soumettre à
un ordre humain extérieur : qu'il soit militaire, politique ou
religieux.
Adam Smith a développé au XVIII° siècle dans son
uvre L'Origine de la Richesse des Nations, une théorie
économique permettant de systématiser les moyens de développement
des ressources économiques d'un pays. C'est lui le père
du "libéralisme" économique mais ceux qui ont cru appliquer
ses théories économiques avec le capitalisme sauvage qui
fit rage depuis le XIX° s. jusqu'à nos jours n'ont pas forcément
examiné ses théories de très près, Smith
n'est donc pas responsable des excès qui ont été
commis au nom de sa théorie. De même que Jésus n'est
pas responsable des atrocités qui ont été commises
en son nom. De même encore que Marx, dans sa critique du capitalisme
du XIX° s. n'est pas responsable des incompréhensions de ceux
qui se sont réclamés de lui, de Lénine à
Brejnev.
Vouloir voir l'uvre de démons réels agissant à
l'insu des hommes pour les pousser à mal agir relève d'une
explication particulièrement primitive des phénomènes
humains. Pour expliquer les tyrannies, les massacres, les souffrances,
il n'est pas nécessaire de recourir aux démons : il suffit
pour cela d'observer un tant soit peu la nature humaine et de voir qu'elle
est faite de passions qui conduisent souvent les hommes à se
déchirer entre eux. Ces passions viennent du fait que c'est l'imagination
qui domine souvent les hommes et non la raison. L'imagination étant
un mode de connaissance tronqué, ce n'est pas étonnant
qu'ils n'agissent pas alors en véritable connaissance de cause.
Il n'est pas nécessaire de chercher plus loin les origines du
mal commis par les hommes. Quoiqu'il en soit, c'est bien à cause
d'un défaut de philosophie que les hommes se laissent dominer
par leurs passions plutôt qu'à cause de la philosophie
elle-même. Le fait que certains récupèrent la pensée
de certains philosophes pour justifier leurs propres passions ne fait
que montrer qu'ils n'ont pas assez philosophé eux-mêmes.
Pourquoi fait-on preuve de
bon sens en étudiant les
enseignements de Jésus Christ au
lieu des philosophies humaines?
Col. 1:15-17: "Il [Jésus Christ] est limage du Dieu
invisible, le premier-né de toute création; parce que
par son entremise toutes les autres choses ont été créées
dans les cieux et sur la terre (...). Toutes les autres choses ont
été créées par son intermédiaire
et pour lui. Et il est, lui, avant toutes les autres choses, et par
son entremise toutes les autres choses sont entrées dans lexistence."
(Les relations étroites quil entretient avec Jéhovah
lui permettent de nous aider à connaître la vérité
sur notre Créateur. En outre, étant celui par lequel
toutes les autres choses ont été faites, Jésus
a une excellente connaissance de lunivers. Aucun philosophe
humain ne peut nous offrir tout cela.)
On notera que cette "excellente connaissance de l'univers", Jésus
ne la partage guère. Le message du Christ est en effet essentiellement
moral. D'autre part cet argument concernerait davantage la physique
que la philosophie, sachant que la philosophie n'est pas tant la connaissance
de l'univers que la réflexion sur l'idée qu'on se fait
des principes premiers de toute réalité, l'idée
de Dieu y compris.
Col. 1:19, 20: "Dieu a trouvé bon que toute plénitude
habite en lui [Jésus Christ] et, par son intermédiaire,
de réconcilier de nouveau avec lui toutes les autres choses
en faisant la paix grâce au sang quil a versé au
poteau de supplice." (Jésus Christ est donc celui par lintermédiaire
de qui Dieu a choisi de réconcilier toute création avec
lui-même. Jéhovah lui a également donné
la domination sur la terre, comme le montre Daniel 7:13, 14. Nous
pouvons espérer obtenir la vie si nous nous efforçons
de connaître Jésus et si nous réagissons favorablement
à ses instructions.)
On ne voit plus tellement le rapport avec la philosophie et en quoi
cela justifierait qu'on n'en fasse pas. Mais encore une fois, nombre
de philosophes ont intégré cette idée d'une réconcilier
Dieu et les hommes par l'intermédiaire du Christ : St
Augustin, Thomas
d'Aquin, Pascal,
Fichte, Hegel,
Kierkegaard, et récemment Michel
Henry dans un livre intitulé "Je suis la Vérité
- Pour une philosophie du christianisme"
Col. 2:8: "Prenez garde quil ne se trouve quelquun
qui vous emporte comme une proie au moyen de la philosophie et de
vaines tromperies, selon la tradition des hommes, selon les choses
élémentaires du monde, et non selon Christ." (Ce serait
une grave erreur de préférer une philosophie humaine
trompeuse à lacquisition de la vraie sagesse en tant
que disciple de Jésus Christ, le second personnage de lunivers
après Dieu lui-même.)
Cette citation est encore des plus fallacieuses, en voulant faire dire
à l'apôtre ce qu'il ne dit pas. Le contexte de Colossiens
2:8 montre que Paul sen prenait aux judaïsants, qui
n'étaient pas spécialement philosophes au sens où
on l'entend aujourd'hui et qui essayaient de faire revenir les chrétiens
à lobservance de la Loi mosaïque, avec la circoncision
obligatoire, les jours de fêtes et labstinence de certains
aliments (Col 2:11, 16, 17). C'est d'ailleurs la seule fois que le mot
"philosophie" apparaît dans les Ecritures grecques. Dans ce contexte,
Paul semble employer le terme de philosophie au sens d'une discipline
de l'argumentation, de simple rhétorique, où l'important
n'est pas d'approcher de la vérité mais de convaincre,
même s'il faut pour cela utiliser des raisonnements fallacieux
du type "Tous les chats ont quatre pattes, or mon chien a quatre pattes,
donc mon chien est un chat". Ce type de raisonnement avaient depuis
longtemps été dénoncé par des philosophes
comme Platon et Aristote (aux environ du IV° siècle avant JC).
Ce raisonnement n'est pas philosophique, mais c'est la philosophie qui
permet de le critiquer, il relève de ce qu'Aristote avait appelé
"l'héristique" et le sophisme. Les sophistes avaient été
également combattus par Socrate et Platon qui voyaient en eux
des ennemis de la raison. En effet, les sophistes enseignaient qu'ils
possédaient toute la sagesse humaine (sophia en grec = sagesse),
sachant que pour eux l'homme est la mesure de toutes choses et qu'il
ne tient donc qu'à lui de décréter juste et vrai
ce qu'il lui semble bon de décréter ainsi. Pour Platon,
c'est Dieu au contraire qui est "mesure de toutes choses". Si Paul avait
bien été au courant du sens exact des termes grecs, il
aurait évité la confusion entre l'héristique et
la philosophie véritable.
Le mot "philosophe" apparaît quant à lui une fois également
en Acte 17:18 : "Mais quelques-uns des philosophes épicuriens
et stoïciens se mirent à parler avec lui dans un esprit
de controverse, et certains disaient : " Que peut bien vouloir dire
ce bavard ? " Dautres : " Il semble être un annonciateur
de divinités étrangères. " Cest parce quil
annonçait la bonne nouvelle de Jésus et la résurrection."
Mais la suite du texte montre que Paul reconnaît le fait qu'ils
adorent des divinités, ce qui va tout à fait à
l'encontre de l'argumentation de la WT selon laquelle toute philosophie
est athée. La WT cite souvent ce passage pour montrer qu'il faut
"se garder" de la philosophie : puisque des philosophes semblaient s'être
opposés à Paul "dans un esprit de controverse", il faut
fuir la philosophie comme la peste. Pourtant Paul n'a pas hésité
à discuter avec ces philosophes ! Si un chrétien possède
une foi véritable, il ne craint pas de la mettre à l'épreuve
d'argumentations opposées et bien construites. C'est bien parce
que la WT sait que ses adeptes n'ont en général qu'une
foi superficielle, fondée davantage sur le bourrage de crâne
que sur la recherche personnelle, qu'elle fait tout pour empêcher
ses adeptes de s'intéresser à la philosophie.
Comment Dieu considère-t-il
la "sagesse" des philosophies humaines?
I Cor. 1:19-25: "Il est écrit: Je ferai périr
la sagesse des sages et je rejetterai lintelligence des intellectuels.
Où est le sage? Où est le scribe? Où est le raisonneur
de ce système de choses? Dieu na-t-il pas rendu sotte
la sagesse du monde? Puisque en effet, dans la sagesse de Dieu, le
monde, par le moyen de sa sagesse, nest pas parvenu à
connaître Dieu, cest par la sottise [du point de vue du
monde] de ce quon prêche que Dieu a jugé bon de
sauver ceux qui croient. (...) Parce quune chose sotte de Dieu
[selon le point de vue du monde] est plus sage que les hommes et quune
chose faible de Dieu [selon le point de vue du monde] est plus forte
que les hommes." (Le point de vue de Dieu à cet égard
nest à coup sûr ni arbitraire ni déraisonnable.
Jéhovah a fait consigner dans la Bible, louvrage le plus
répandu dans le monde, un exposé très clair de
son dessein. Il a envoyé ses témoins le prêcher
à tous ceux qui veulent bien lécouter. Ce serait
sottise pour une créature, quelle quelle soit, de se
croire plus sage que Dieu!)
Tout d'abord on se demande où est écrite cette parole
citée par Paul. La WT dans sa Bible renvoie bien à des
passages de Jérémie et des Psaumes mais aucun de ces passages
ne dit exactement la même chose, tant au niveau des termes employés
qu'au niveau du sens. Et encore une fois la philosophie n'est pas la
sagesse, ce texte ne s'applique donc pas ici à la philosophie.
La WT entretient cette confusion dans nombre d'autres publications où
elle parle par exemple de "philosophie védanta" (Tout de Garde
du 15/7 1997, p. 3) alors qu'il s'agit plutôt d'une religion,
voire d'une sagesse. N'hésitant devant aucun procédé,
la WT parle même de "philosophie nazie" !!! (TdG du 1/8
1997) alors que l'idéologie de Hitler et de ses partisans n'a
strictement rien à voir avec les exigences rationnelles de la
philosophie. Cette confusion lui permet d'empêcher ses adeptes
de cultiver tout jugement critique et personnel, car dès qu'on
voit un adepte se poser trop de questions, on lui dit "attention, tu
te mets à philosopher !" et on lui assène alors tous les
passages bibliques, superficiellement compris, qu'on vient d'examiner
plus haut, et on lui dit "Hitler était un philosophe"... Belle
façon de court-circuiter tout jugement personnel !
Quant à dire que c'est sottise pour un homme de se croire plus
sage que Dieu, personne n'en doute, pas un seul philosophe, puisqu'être
philosophe n'est pas prétendre posséder la sagesse, mais
simplement l'aimer et chercher à s'en rapprocher, avec la conscience
des limites humaines. La tradition rapporte que c'est Pythagore qui
se serait le premier appelé philosophe, ami de la sagesse, justement
parce qu'il avait conscience de la distance qu'il y a entre une possession
complète de la sagesse, réservée à Dieu,
et l'effort humain pour s'en rapprocher.
Par contre, il est tout autant sot de se croire aussi sage que Dieu.
Or que prétendent les dirigeants de la Watch Tower ? Ils prétendent
que leur interprétation de la Bible est LA Vérité,
autrement dit que Dieu leur a transmis toute sa sagesse dans la Bible
et l'interprétation qu'ils en font. Ils se croient à ce
titre, par la connaissance de "l'exposé très clair" des
desseins de Dieu, les égaux de Dieu lui-même en ce qui
concerne la possession de la sagesse. Voilà qui n'est guère
prudent et guère "avisé".
Henrique Diaz